Nouvelles d’Irak (mars 2016)

02. Lavement des piedsVoici les dernières nouvelles d’Irak que nous communique notre Provincial. Fr. Guillaume s’y est rendu au mois de mars avec frère Olivier-Marie pour y célébrer la semaine sainte et faire la visite de la mission. Les photos ci-dessous illustrent son témoignage :

« Chers sœurs et frères,

Du 22 au 31 mars dernier, je suis allé, pour la première fois, en Irak auprès du frère Ghadir dans le cadre des visites pastorales des communautés de la Province que j’effectue actuellement. J’ai donc vécu les jours saints et les fêtes pascales avec lui et les chrétiens qui fréquentent la Mission des carmes en Irak. J’étais accompagné du frère Olivier-Marie que j’ai plus spécialement délégué durant ce triennat pour le suivi des affaires de la Mission et l’accompagnement du frère Ghadir. Nous voyagions dans un contexte tendu : les attentats de Bruxelles eurent lieu le jour de notre départ et un mouvement de protestation politique à Bagdad rendait difficile l’accès au quartier dans lequel se trouve le couvent (situé à côté de la zone verte). Nous arrivions à Bagdad le mercredi saint et c’est là que nous avons passé le triduum pascal avant de partir, le jour de Pâques, dans le Kurdistan, à Duhok où nous sommes restés jusqu’à la fin de notre séjour. Nous découvrions le quartier de la Cathédrale et concélébrions autour de l’archevêque des latins de Bagdad, Mgr Jean Sleiman, lors de la messe chrismale : nous étions une dizaine de prêtres, tous religieux et une cinquantaine de fidèles… 

Nous demeurions au couvent N.D de Fatima lors du triduum pascal pour la célébration de la liturgie avec une soixantaine de personnes. Le jeudi soir, après la célébration de la Cène, l’assemblée se retrouvait dans le cloître pour un petit buffet avant de veiller dans la prière. A l’issue de la vigile pascale, célébrée dès 18h en raison des contraintes du quartier, la joie était au rendez-vous : joie pascale et joie de se savoir soutenu dans la prière. Les séances photographiques furent à la hauteur de la chaleur de ce moment et vous pouvez en voir quelque chose sur la page Facebook du compte « the family of Carmel of Irak ».

Le lendemain, jour de Pâques, une pluie torrentielle s’abattait sur Bagdad, ce qui arrive, dit-on deux ou trois fois par an ! Bagdad sous la pluie n’est pas belle. Tristesse climatique et joie intérieure : c’est une fête de Pâque contrastée que nous avons vécue. Nous voyagions en effet vers Duhok pour y célébrer la messe du soir de Pâques. Pour cela il fallut traverser les divers check-points avant d’atteindre l’aéroport de Bagdad très surveillé et contrôlé. Le vol vers Erbil se fit sans encombre. Un ami de fr. Ghadir, Joseph, qui aide la Mission nous accueillit dans sa maison pour le déjeuner : moment heureux d’hospitalité chaleureuse après lequel, comme les disciples d’Emmaüs (même si nous étions trois), nous repartions pour 2 h 30 de route vers Duhok. L’accueil par les trois consacrées Messoun , Meyan et Messoun fut très fraternel et la messe du soir de Pâques joyeuse, se concluant par l’incontournable séance des photos !

Les jours suivants de l’octave pascale furent plus paisibles. Cela nous permit quelques rencontres et dialogues : avec des membres de la famille carmélitaine, avec fr. Ghadir, avec les Consacrées. Le mercredi de Pâques, nous sommes allés à Al-Koch, village lové dans la montagne et lieu d’une présence monastique chaldéenne depuis le VIIe siècle avec des ermitages creusés dans la montagne. Nous y avons célébré l’eucharistie avec des chrétiens de la localité, amis d’une des consacrées. Ce même mercredi, de retour à Duhok, nous sommes allés dans un petit camp de réfugiés yézidis, installés dans des abris de fortune depuis aout 2014 : familles nombreuses qui vivent dans un état sanitaire déplorable. 

A l’issue de ce premier séjour en Irak auprès du frère Ghadir, je peux témoigner que l’évangile est à l’œuvre dans les communautés ou les familles que j’ai rencontrées : célébrations liturgiques et prédication du Christ ressuscité, vie fraternelle, aides aux pauvres et aux démunis, accompagnement spirituel. Ce que vivent en particulier les consacrées est remarquable. Tout cela est cependant extrêmement fragile et se vit dans une grande incertitude, surtout pour les chrétiens, sans avenir. Ainsi, si j’ai passé un bon séjour en Irak où j’ai vu de belles choses, je suis bien conscient de la complexité, de la fragilité de la situation ainsi que de son avenir bouché. Cela me laisse un goût amer et triste. Je nous invite donc à continuer à prier pour les chrétiens d’Irak et à aider la Mission dans son soutien aux réfugiés. »

Fr. Guillaume DEHORTER, ocd Provincial (Paris)

Téléchargez le témoignage intégral de frère Guillaume

 

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