Le retour de l’Enfant Jésus à Paris

Peu de jours avant la fête de Noël, une statue de l’Enfant-Jésus a pris place dans le couvent des Carmes de Paris… Une statue dans une communauté religieuse, rien de bien extraordinaire nous direz-vous ! Oui, mais ce qui est extraordinaire, c’est qu’il s’agit de retrouvailles après plus de deux cents ans de séparation !

Remontons dans le temps : nous sommes en 1611, au moment de la fondation du couvent de Saint Joseph des Carmes, rue de Vaugirard. La bienheureuse Anne de Saint-Barthélemy, qui avait été la proche collaboratrice de sainte Thérèse d’Avila et avait fait partie du groupe des premières Carmélites déchaussées venues en France en 1604, désire adresser un geste de bienvenue, chaleureux et spirituel, à ses premiers frères de Paris. Elle leur offre alors une statue de l’Enfant-Jésus, pour que, dans la nouvelle communauté, il joue le rôle de « fondateur ». Cette tradition des « Enfant-Jésus fondateur » remonte à l’époque même de sainte Thérèse d’Avila, et symbolise le fait que la communauté est réunie autour du Christ, qu’elle est « fondée » sur le roc de sa Parole.

Cet « Enfant-Jésus fondateur » fut d’abord installé dans la chapelle du couvent, puis dans la salle du noviciat, où il demeura jusqu’à la Révolution française. En 1792, les Carmes durent quitter leur couvent. Le frère Maximin de Saint-Maurice, maître des novices, emporta la statue avec lui, et, à sa mort, il la confia à une personne chez qui il s’était réfugié… mais qui n’en fit pas grand cas ! Sachant cela, l’un de ses confrères, le frère Télésphore de Saint-Dominique, qui avait été le procureur du couvent de la rue de Vaugirard, n’eut de cesse d’obtenir de la négligente gardienne qu’elle lui cède cette fameuse statue, ce qui finit par arriver ! Souhaitant qu’elle fût honorée dignement, le 30 août 1807, il la confia aux sœurs Chanoinesses de Saint-Augustin de l’Abbaye-aux-Bois, dont il était le chapelain. La confiance du frère Télésphore n’a pas été déçue : pendant plus de deux cents ans, l’Enfant-Jésus fondateur des Carmes de Paris a été entouré de prière et de sincère vénération.

Nous voici en 2011 ! Les Carmes de Paris s’installent dans un nouveau couvent, au 6 rue Jean Ferrandi, non loin de leur première implantation de la rue de Vaugirard. C’est le moment qu’ont choisi les Chanoinesses de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame pour renouveler, quatre cents ans après, le geste de bienvenue d’Anne de Saint-Barthélemy envers les premiers Carmes déchaussés. En effet, à l’occasion de notre installation dans nos nouveaux murs, elles nous ont fait part de leur très généreuse décision, selon leurs propres mots, de nous « restituer » la statue de l’« Enfant-Jésus fondateur » ! C’est ainsi que, le 16 décembre 2011, au cours d’une rencontre fraternelle entre nos deux communautés, les sœurs de la Congrégation Notre-Dame nous ont officiellement remis la précieuse statue, qui désormais préside le réfectoire du couvent des Carmes de Paris !

En ces jours de fête, il s’agit là de bien plus qu’un banal « cadeau de Noël » ! Nous y voyons plutôt un geste de bienvenue en ce nouveau lieu, ainsi que de communion fraternelle, ce qui suscite notre action de grâce et notre reconnaissance ! Nous y entendons aussi l’appel toujours renouvelé du Seigneur à fonder sur Lui seul notre communauté et nos vies : qu’il en soit ainsi, pour sa gloire et le service de son Église !

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